top of page

Concession de mobiliers urbains : comment définir la durée optimale du contrat ?

La concession de mobiliers urbains, qu'ils soient publicitaires ou non publicitaires, repose sur un principe fondamental d'équilibre économique. Ce type de contrat implique généralement la mise à disposition, l'installation, la maintenance, l’entretien et l’exploitation commerciale de mobiliers urbains, en échange de la possibilité pour l'opérateur d'exploiter des espaces publicitaires sur ces supports.

Ce modèle repose sur une équation simple mais essentielle : les recettes publicitaires doivent couvrir à la fois les investissements initiaux, les coûts d'exploitation, les charges de fonctionnement et la rémunération raisonnable du concessionnaire


Dans ce contexte, la durée du contrat devient une variable déterminante pour assurer cet équilibre.

Un cadre légal encadré par le Code de la commande publique

Selon l’article L3114-7 du Code de la commande publique, la durée d’une concession ne peut être illimitée. Elle doit être définie par l’autorité concédante « en fonction de la nature et du montant des prestations ou des investissements demandés au concessionnaire ».
Lorsque la durée dépasse cinq ans, elle doit correspondre à la période nécessaire pour permettre au concessionnaire d’amortir ses investissements tout en obtenant un retour sur investissement acceptable. Ce critère s’applique particulièrement aux contrats de mobilier urbain, qui mobilisent souvent des investissements lourds et s’inscrivent dans des cycles longs de rentabilisation.

Pourquoi la simple comparaison avec d'autres durées de contrats ne suffit pas

S’il est tentant de calquer la durée de son contrat sur celle observée dans d’autres collectivités, cette méthode montre vite ses limites. Les exemples sont parlants : certaines villes comme Bordeaux optent pour des concessions de 6 ans, tandis que d’autres, comme Rennes, les étendent sur 20 ans.
Cette disparité s’explique par les nombreux facteurs spécifiques à chaque territoire. La configuration réglementaire, les ambitions politiques, la densité urbaine ou encore le potentiel publicitaire local influencent directement la durée pertinente d’un contrat de concession de mobiliers urbains.

Les facteurs qui influencent la durée optimale d’un contrat de mobilier urbain

Plusieurs paramètres doivent être pris en compte pour moduler la durée d’un contrat en fonction du contexte territorial.


La réglementation locale et les objectifs politiques jouent un rôle central. Une collectivité dotée d’un Règlement Local de Publicité (RLP) ou d’un Règlement Local de Publicité Intercommunal (RLPi) impose des contraintes spécifiques : 

  • interdiction de certains formats (comme les mobiliers 8m², appelés « séniors »)

  • limitation de densité publicitaire (ex : espacement minimal entre supports)

  • zones protégées (monuments historiques, centres anciens…)

À l’inverse, les collectivités sans règlement local doivent composer avec les règles nationales, parfois plus permissives mais moins adaptées aux enjeux locaux.
Le potentiel commercial du territoire est également un levier déterminant. Une ville disposant d’un tissu commercial dense, d’une forte attractivité touristique ou d’une fréquentation élevée des espaces publics offre davantage de perspectives en matière de recettes publicitaires. Cette attractivité conditionne la rentabilité des faces publicitaires, et donc la capacité du concessionnaire à financer des prestations annexes ou à proposer un niveau de service élevé.


L'ampleur des investissements requis pèse logiquement sur la durée du contrat. Plus la collectivité exige des contreparties non publicitaires – comme des panneaux administratifs, des panneaux d’expression libre (cf. article L581-13 du Code de l’environnement), des sanitaires publics ou du mobilier digital – plus l’investissement initial augmente. Ce coût doit être compensé sur la durée, sous peine de déséquilibrer le modèle économique.


La prise en compte de solutions innovantes dans le mobilier urbain ajoute une nouvelle couche de complexité. Certaines collectivités souhaitent intégrer des toitures végétalisées, modules photovoltaïques (pour l’éclairage autonome), ports USB, capteurs de qualité de l’air ou même des défibrillateurs. 
Ces dispositifs, bien que porteurs d’image et de valeur d’usage, génèrent des coûts supplémentaires à absorber sur la durée du contrat.
Enfin, les coûts de fonctionnement récurrents ne doivent pas être sous-estimés. Outre l’entretien et la maintenance, les frais de commercialisation des espaces publicitaires représentent un poste conséquent, sans lequel aucune recette ne serait générée. 
À cela peuvent s’ajouter des obligations contractuelles, comme l’impression et la pose de campagnes institutionnelles à la charge du concessionnaire (ex : une face sur deux sur les mobiliers 2m²), ce qui alourdit d’autant le budget global.

Une approche individualisée, fondée sur un modèle économique robuste

Fixer une durée de concession réaliste et équilibrée exige une connaissance approfondie du secteur et une capacité à projeter les données économiques dans le temps. Il ne s’agit pas simplement d’ajuster la durée à un montant d’investissement, mais bien de bâtir un modèle économique viable, tenant compte des spécificités locales, des contraintes réglementaires, des ambitions politiques et des évolutions potentielles du marché publicitaire.

Pour garantir cette cohérence, les collectivités ont tout intérêt à se faire accompagner par des experts maîtrisant à la fois les aspects juridiques, techniques et financiers du mobilier urbain. Le recours à un cabinet spécialisé permet également de sécuriser la procédure, tout en s’assurant que les objectifs politiques – réduction de la publicité, intégration de mobilier intelligent, valorisation de l’espace public – soient bien traduits dans la durée du contrat.

 

bottom of page